Avec l’arrivée de l’automne, les rhumes se multiplient. Si l’immense majorité guérit spontanément, certains peuvent déboucher sur une inflammation des sinus, souvent douloureuse. Un traitement s’impose dans ce cas pour éviter des complications.
«Ne pas se précipiter chez le médecin pour un simple rhume»… Combien de fois n’avons-nous pas entendu cet adage de bon conseil pour nous signifier qu’un petit bobo ne doit pas être synonyme de consultation chez un médecin.
Et pourtant… cet adage peut parfois être faux, et dans certains cas, il est judicieux de consulter pour un rhume justement, mais uniquement s’il se prolonge au-delà de dix jours ou si les symptômes augmentent au bout de cinq jours.
Consultation chez le généraliste
Car dans ce cas, vous souffrez probablement d’une sinusite, une inflammation des sinus, ces cavités localisées dans la partie avant du crâne tout autour du nez sous la forme de quatre paires situées symétriquement de part et d’autre du visage et qui communiquent tous avec les fosses nasales.
On distingue ainsi les sinus frontaux (au niveau du front), maxillaires (sous les pommettes), sphénoïdaux (en arrière des yeux) ou ethmoïdaux (entre les yeux).
Alors, si vous avez le nez bouché, des écoulements colorés, des maux de tête, ressentez une pression sur le visage, une douleur lorsque vous toussez ou penchez la tête en avant, ou avez l’impression de perdre l’odorat, une première consultation chez votre généraliste s’impose, car ces symptômes indiquent que la muqueuse qui tapisse les sinus est irritée et enflée, ce qui risque de les obstruer en raison d’une forte sécrétion de mucus.
Identifier les causes
Dans tous les cas, il est important pour le médecin d’identifier les causes de la sinusite par un interrogatoire précis du patient et en ayant également recours à un examen ORL approfondi. Dans 98 % des cas, cette cause est virale, mais en cas de forte fièvre, de douleurs de la face importantes, de symptômes aggravés après une première période d’amélioration, il peut s’agir d’une infection bactérienne.
Soins rapides
Si les traitements habituels ne fonctionnent pas, ou si la sinusite devient récurrente ou chronique (voir interview ci-contre), il faudra chercher d’autres causes, comme une malformation anatomique, des polypes dans le nez, une infection dentaire qui tourne mal, des allergies, ainsi que certaines maladies (asthme, allergie à l’aspirine, mucoviscidose, déficit immunitaire), etc.).
Enfin, d’autres éléments sont à prendre en compte: le tabagisme, la pollution, l’exposition à des produits chimiques comme le chlore dans les piscines, sont ainsi des facteurs favorisant la survenue d’une sinusite. Dans tous les cas, toute sinusite débutante doit être prise en charge le plus rapidement possible, d’autant que le traitement, proposé par le généraliste en première intention, est plutôt simple: du repos, une bonne hydratation, des décongestionnants pour faciliter l’écoulement nasal, des lavages d’eau de mer, du paracétamol ou des anti-inflammatoires, la prise de vitamine C ou de zinc ainsi que la phytothérapie peuvent améliorer les symptômes en quelques jours.
Evidemment, lorsqu’une infection bactérienne s’y ajoute, des antibiotiques seront nécessaires.
L’avis de l’experte: Dr Pauline Jaballah
Dr Pauline Jaballah
Spécialiste FMH en ORL et chirurgie cervico-faciale.
Est-il possible d’ éviter une sinusite?
Oui, si on diminue le risque de transmission virale, avec les mesures simples qui nous ont été largement rappelées avec la Covid: (se laver et se désinfecter les mains, aérer les locaux plusieurs fois par jour, éternuer ou tousser dans un mouchoir ou dans le creux du coude, porter un masque, garder ses distances) etc. Enfin, un rhume doit être soigné dès le début avec des lavages du nez au sérum physiologique, un décongestionnant (durant une semaine au maximum), et d’autres traitements symptomatiques, paracétamol et/ou anti-inflammatoires.
Dans quels cas faut-il s’inquiéter?
Les complications des sinusites sont très rares, mais peuvent être graves. L’infection peut se propager aux organes alentours, comme l’œil, les méninges ou le cerveau. En cas de rougeur ou de tuméfaction d’un œil ou du front, d’une baisse de la vision ou d’une vision double, de maux de tête sévères, d’une baisse de l’état de conscience ou d’une raideur de la nuque, il faut consulter en urgence.
Enfin, à partir de quand l’ORL doit-il intervenir?
Lorsque le patient ne répond pas au traitement ou lorsque des complications se déclarent. Si les épisodes de sinusites aigues deviennent récurrents, plus de 4 par an, ou si la sinusite devient chronique (les symptômes durent pendant plus de 12 semaines en continu), une consultation spécialisée s’impose avec un examen ORL approfondi et même, si besoin, un scanner. Dans de rares cas, une prise en charge chirurgicale avec drainage des sinus sera effectuée par le spécialiste.
