ANOSMIE: QUAND L’ODORAT S’EN VA
On n’a jamais autant parlé de l’odorat. Sa perte est en effet un symptôme très fréquent de la covid-19. Comment fonctionne ce sens? Pourquoi le perd-on? Quels sont les traitements contre l’anosmie? Éléments de réponse avec la docteur pauline jaballah vinckenbosch, spécialiste en orl et chirurgie cervico-faciale.
4. Les causes de l’anosmie
Les causes sont multiples et, dans certains cas, l’origine n’est pas trouvée. Les causes les plus fréquentes sont les problèmes rhinosinusiens ; lors d’un rhume, par exemple, le nez est bouché, l’air ne passe plus, et donc l’odeur non plus. Un autre exemple est la rhinosinusite chronique avec polypes; cette maladie inflammatoire va en quelque sorte «boucher» la zone de l’olfaction. L’origine de l’anosmie peut aussi être post-infectieuse (comme dans le cas de la Covid-19), les virus pouvant en effet entraîner une destruction de la muqueuse olfactive. L’anosmie peut également survenir après un traumatisme crânien. Plus rarement, elle se rencontre dans des maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. L’origine peut être aussi tumorale. Citons enfin les anosmies congénitales incurables, notamment le syndrome de Kallmann, dans lequel le bulbe olfactif est absent à la naissance.
5. Les conséquences de l’anosmie
Le principal danger est de ne pas pouvoir sentir le feu ou une fuite de gaz. On conseille d’ailleurs aux patients souffrant d’anosmie d’installer des détecteurs de fumée. Évidemment, impossible non plus pour eux de reconnaître un aliment avarié. Mais le plus grand risque lorsque l’on perd l’odorat est l’impact sur le moral, sur le plaisir de manger ou encore sur la libido. On note d’ailleurs davantage de dépressions chez les anosmiques.

6. Les traitements de l’anosmie
Le diagnostic est posé grâce à une anamnèse et à une endoscopie nasale pratiquée au cabinet de l’ORL. Dans certains cas, une imagerie par IRM cérébrale peut être demandée. L’examen chez l’ORL permet notamment d’évaluer la présence de polypes ou d’une tumeur dans la fosse nasale, et de constater l’inflammation de la muqueuse. Les éventuels polypes peuvent être traités avec de la cortisone ou retirés de façon chirurgicale. En cas d’inflammation de la muqueuse, un traitement de cortisone peut également être prescrit. On recommande par la suite une rééducation olfactive, c’est-à-dire un entraînement de l’odorat. Dans ce protocole imaginé bien avant l’épidémie de Covid-19 par le professeur allemand Thomas Hummel, on utilise quatre odeurs de base, à partir d’huiles essentielles de clou de girofle, d’eucalyptus, de citron et de rose. Le café et la menthe ont été ajoutés depuis. On recommande de s’entraîner pendant cinq minutes, deux fois par jour, afin de sentir et de reconnaître ces six odeurs très caractéristiques*.
7. Le cas particulier de l’anosmie liée à la Covid-19
Ce virus entraîne parfois une destruction de la muqueuse olfactive. Dans la plupart des cas, les malades retrouvent l’odorat dans les deux semaines. À défaut, on conseille de commencer sans tarder une rééducation olfactive et de consulter un ORL afin de s’assurer que l’anosmie n’a pas une autre origine.
